Un économiste prédit l'échec de l'Union pour la Méditerranée

L'Union pour la Méditerranée crée par l'Union européenne (UE), qui englobe des pays d'Afrique du Nord et du Proche- Orient, n'avait pas un grand avenir, a estimé jeudi à Dakar l'économiste et Secrétaire général du Forum social africain, Tawfick Ben Abdallah.
"Je suis sceptique quant à l'avenir de cette organisation à cause du poids trop élevé de l'Europe", a-t-il déclaré à la PANA en marge du forum sur le rôle et la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale qui a mis fin au symposium de trois jours sur les Etats unis d'Afrique.
M. Abdallah a soutenu que la création de cette organisation n'avait pas donné lieu à un encrage politique local et populaire et n'avait pas fait l'objet de débat public, alors l'implication des chefs d'Etat d'Afrique du Nord n'était pas mesurée."Ils (les chefs d'Etat) font attention à ne pas aller trop loin dans cette organisation. Ils y sont allés sur la pointe des pieds et jusqu'à présent, plusieurs questions ne sont pas encore réglées.
Il y a toujours la question d'Israël qui est perçue comme une entité oppressive», a-t-il ajouté.Il a également exprimé son scepticisme sur les gains géostratégiques que l'Afrique gagnerait dans cette organisation."Les relations déterminantes ne sont plus seulement avec l'Europe.
C'est aussi avec l'Asie, l'Amérique latine, les Etats-Unis. Se donner un nouvel espace dominé par l'Europe c'est un peu aller à contre courant de l'histoire", a-t-il affirmé.Evoquant la situation des pays d'Afrique Nord par rapport à la constitution des Etats unis d'Afrique, le Secrétaire général du Forum social africain a estimé qu'ils ont une identité africaine, mais ils appartiennent à plusieurs polarités.
"Leur premier espace naturel c'est bien sûr leur continent, l'Afrique. Mais, du fait de l'histoire et d'un tas de choses, ils ont une appartenance au monde arabe et ils ont une appartenance au monde méditerranéen", a ajouté M. Abdallah."Cette appartenance à plusieurs aires culturels est une richesse et non un obstacle à la réalisation de l'intégration politique du continent", a-t-il dit, citant en exemple l'Île Maurice, Madagascar, les Seychelles et l'Ethiopie.
"Chacun de ces pays représente une spécificité, des caractéristiques géographiques, culturelles et géopolitiques qui peuvent être une richesse pour le continent", a poursuivi M. Abdallah. Dakar -
Par PANA - Afriquejet.com - le 31 juillet 2009

La difficile relance de l'Union pour la Méditerranée

La guerre de Gaza avait tout gelé. Six mois plus tard, les réunions de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le grand projet de Nicolas Sarkozy lancé en juillet 2008 comme une réalisation majeure de la présidence française du Conseil européen, ont repris. D'abord informelles, puis formelles, avec deux réunions ministérielles - le 25 juin à Paris et le 7 juillet à Bruxelles - consacrées au développement durable et aux questions financières.
Mais le processus est "très fragile" et reste exposé aux aléas du contexte politique au Proche-Orient, disent les diplomates. Cela dépendra, soulignent les proches du dossier, de ce que l'administration Obama réussira, ou non, à accomplir pour faire avancer le processus de paix.
Comment l'UPM, vaste regroupement de 43 pays sur les deux rives de la Méditerranée, a-t-elle pu être réanimée, alors que l'offensive israélienne à Gaza, en décembre et janvier, avait amené les pays arabes à exiger sa suspension, jugeant inimaginable de s'asseoir, après tant de morts et de destruction, à la même table que des représentants de l'Etat juif ?
C'est à un revirement notable dans l'attitude des Arabes, précisément, que l'UPM doit sa survie institutionnelle. L'Egypte, qui copréside l'Union, a joué un rôle central, déployant une diplomatie adroite et tactique. Le Caire a fait le constat suivant : le boycottage de l'UPM, qui se poursuivait de facto depuis la première semaine de janvier, avait fini par se révéler indolore pour Israël. Mieux valait donc s'emparer de ce forum multilatéral pour se faire entendre. En somme, utiliser l'UPM comme une tribune pour dénoncer les agissements d'Israël, qui maintient un blocus total de Gaza, où aucun sac de ciment n'a été autorisé à entrer depuis six mois, malgré les besoins urgents de reconstruction.
L'Egypte a réussi à rallier à ce point de vue l'ensemble du groupe arabe, alors qu'en janvier des pays comme la Syrie, le Liban et l'Algérie avaient été en pointe pour exiger le gel de l'UPM jusqu'à nouvel ordre. La France, architecte de cette "Union de projets" qui avait suscité en 2008 de fortes réticences en Europe même, notamment côté allemand, récolte ainsi les dividendes de sa volonté d'ériger la relation avec l'Egypte en partenariat privilégié.
"ÇA COGNE"
La reprise a été difficile. Passé la guerre de Gaza, les diplomates français misaient sur un redémarrage de l'UPM après le sommet de la Ligue arabe à Doha, fin mars.
Le 23 avril, une première tentative avait lieu. Et échouait. Les Arabes fixaient comme condition qu'Israël reconnaisse les acquis de l'UPM tels qu'ils avaient été fixés en novembre 2008 lors de la première réunion ministérielle, à Marseille. A savoir, une réaffirmation du principe des "deux Etats" (la Palestine et Israël). Mais lors de la réunion, les représentants israéliens refusèrent de s'engager, arguant d'une "revue en cours" de leur politique, après la formation du nouveau gouvernement de
Benyamin Nétanyahou.
Pour sortir de l'impasse, la décision était prise de procéder par des réunions informelles. Un groupe de travail réunissant une trentaine de pays de l'UPM (les principaux européens et arabes, plus Israël) était constitué pour plancher sur les statuts de l'organisation, notamment son secrétariat général. Certains projets concrets (énergie solaire, protection civile, financement des entreprises) ont pu progresser.
"Les Arabes se sont aperçus qu'ils pouvaient utiliser les réunions pour demander des comptes à Israël devant les Européens ; c'est assez malin", constate un diplomate, témoin des discussions. Dans le huis clos des réunions d'ambassadeurs, "ça cogne", ajoute cette source. Certes, les remontrances faites à Israël dans ce cadre se font loin des médias, mais "les messages passent au niveau des chancelleries".
L'UPM, que le président français décrivait en 2008 comme une enceinte destinée à semer les graines de la paix entre Arabes et Israéliens en s'inspirant du modèle de la construction européenne et de la réconciliation franco-allemande, est ainsi utilisée à des fins politiques par les Etats arabes, dans un contexte de lourdes incertitudes au Proche-Orient.
Paris ne s'en plaint pas, mais sait que la suite dépend de la diplomatie américaine dans la région. Le pire a été évité, c'est-à-dire le démantèlement de l'UPM, projet dont certains pays arabes craignaient qu'il mène à une normalisation de leurs relations avec Israël en l'absence d'un processus de paix. Le projet de l'UPM "a survécu à toutes les épreuves, il grandit", a commenté Henri Guaino, le conseiller spécial de l'Elysée.
Les prochaines étapes ? Après la pause de l'été et du ramadan, des réunions doivent reprendre en octobre. Le point d'orgue devrait être la réunion des ministres des affaires étrangères prévue à Istanbul, fin novembre. Mais à ce stade, nul ne sait si le cours des événements au Proche-Orient permettra qu'elle se tienne.
Par Natalie Nougayrède - LeMonde.fr - le 29 juillet 2009

La Jordanie et la Tunisie en concurrence pour le poste de secrétaire général de l'UPM

Si tout va bien, le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée (UPM) devrait prendre forme à la fin de l'année, pour devenir opérationnel au 1er janvier 2010. Soit un an après l'objectif qui avait été initialement annoncé, en juillet 2008, lors du sommet de lancement, à Paris.
Sa création a été retardée, mais une fois le secrétariat mis sur pied l'UPM sera à l'abri des contingences politiques, estime-t-on à Paris.

L'UPM aura en effet son ossature institutionnelle. Le secrétariat général aura pour mission de mettre en oeuvre les projets décidés lors des sommets et réunions politiques.Il avait été décidé en novembre 2008 que le siège se situerait à Barcelone ; une victoire pour l'Espagne, alors que la France espérait une localisation sur la rive sud de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy avait promis en 2008 au président tunisien, Zine Al-Abidine Ben Ali, que son pays l'accueillerait. Le plan a dû être révisé. La France aimerait maintenant que le poste de secrétaire général revienne à un représentant de la Tunisie.
Mais une bataille feutrée se poursuit à ce sujet. La Jordanie a, depuis des mois, lancé son candidat, Ahmad Massadeh, ambassadeur de Jordanie à Bruxelles, qui déploie un lobbying intense et se réclame du soutien de la Ligue arabe, singulièrement de la Syrie et du Liban. Paris tente d'éviter que les choses s'enveniment, et que son appui à la Tunisie nuise aux relations avec Amman.
De subtils dosages régionaux, reflet de la difficulté de ménager toutes les susceptibilités nationales au sein de l'UPM, sont au coeur du problème. Du point de vue français, il est souhaitable que le secrétariat, dont la composition laisse une grande place à l'est de la Méditerranée, valorise aussi l'ouest de la région. "On est très loin d'un accord entre les Arabes" sur cette question, observe un diplomate.
Une réunion de la Ligue arabe prévue à la mi-août devrait être occasion d'en discuter. La Tunisie n'a pas encore choisi son candidat. La France et l'Egypte seraient par ailleurs favorables à l'entrée en lice d'un candidat palestinien.
Le secrétariat de l'UPM comportera en principe, outre le secrétaire général, six adjoints : un Grec, un Turc (si Chypre y consent), un Italien, un Maltais, un Israélien et un Palestinien. Cette composition a été agréée fin 2008. L'entrée d'un Israélien a été décidée en échange de la participation de la Ligue arabe à toutes les réunions de l'UPM et à tous les niveaux.
Relais d''Influence
En comparaison avec le processus de Barcelone, projet euroméditerranéen lancé en 1995 qui peinait à décoller, la spécificité de l'UPM repose en grande partie dans son agencement institutionnel, ainsi que sur le rehaussement politique de ce dialogue, au moyen de grands sommets des chefs d'Etat, prévus une année sur deux. Afin d'utiliser l'UPM comme un relais d'influence, la France s'est battue pour conserver la coprésidence de l'organisation partagée depuis 2008 avec l'Egypte. Les Tchèques, qui assumaient la présidence du Conseil européen au premier semestre 2009, y ont consenti. La Suède, qui leur a succédé, a fait de même, quoique l'accord fût difficile à arracher. Le 1er janvier 2010, la France cédera cette position spécifique. L'Espagne assumera pleinement la coprésidence qui échoit à un pays de la rive Nord.
Natalie Nougayrède - LeMonde.fr - le 30 juillet 2009

L'Europe accusée de détacher l'Afrique du Nord du continent africain

Le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, s'est vivement élevé contre la "stratégie de l'Europe" consistant à détacher l'Afrique du Nord de celle au sud du Sahara, à l'ouverture du symposium sur les Etats-Unis d'Afrique, lundi à Dakar, a constaté la PANA sur place.La stratégie de l'Europe est claire, elle consiste, à travers la mise en place de l'Union pour la Méditerranée (UPM), à séparer l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne", a déclaré le président Wade.
On rappelle que l'UPM, fondée le 13 juillet 2008 à l'initiative du président français, Nicolas Sarkozy, regroupe les Etats membres de l'Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée dont l'Algérie, l'Egypte, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.
Seule la Libye, au Nord de l'Afrique, a refusé de participer à cette union, réaffirmant son ancrage dans l'Union africaine (UA).
Le président sénégalais a invité, au cours de son intervention, les dirigeants de l'Afrique du Nord à se prononcer clairement par rapport à cette situation. "Il n'y a pas de réaction des pays du Nord de l'Afrique, or nous avons besoin de savoir si ces Etats vont aller avec nous dans la direction des Etats- Unis d'Afrique", a-t-il dit.
Par ailleurs, revenant sur la question de l'immigration, le chef de l'Etat sénégalais a dénoncé la fermeture des frontières de l'Europe à l'Afrique subsaharienne. "On nous ferme toutes les portes de l'Europe et on ouvre un petit passage à travers les visas, c'est inacceptable", dénonce-t-il.
Me Wade condamne ainsi la politique "d'immigration choisie" appliquée par l'Europe et dont Nicolas Sarkozy est l'initiateur. "L'Europe veut nous prendre nos ingénieurs, nos savants, universitaires et autres personnes qualifiées", a-t-il dénoncé, se portant en faux contre cette politique "qui consiste à piller l'Afrique de ses cerveaux".
Cependant, le chef de l'Etat sénégalais se dit opposé à l'émigration clandestine et réaffirme sa volonté de lutter contre ce phénomène qui prend chaque jour de l'ampleur. Cela explique les accords qu'il a signés avec certains pays européens pour traquer les candidats à l'émigration clandestine.
"Je ne veux pas que les Africains abandonnent leur continent", a-t-il lancé à l'adresse des intellectuels, qu'il invite à travailler pour l'Afrique.
On rappelle que le symposium sur les Etats-Unis d'Afrique qui prend fin jeudi dans la capitale sénégalaise, doit "réfléchir sur le fédéralisme en Afrique dans une approche pluridisciplinaire portant notamment, sur les aspects constitutionnels, politiques, économiques, sociaux et culturels de l'Etat fédéral à l'échelle du continent".
Près de 300 universitaires, chercheurs et intellectuels d'Afrique et de la Diaspora ainsi que des décideurs politiques participent à cette conférence organisée par l'université Cheickh Anta Diop de Dakar et le ministère des Affaires étrangères du Sénégal.
Par Seneweb.com - le 27 juillet 2009

Süddeutsche Zeitung -La politique doit apporter son concours à l'opération Soleil du désert

Le projet d'énergie solaire Desertec doit devenir le plus grand projet de production solaire au monde et couvrir un septième des besoins énergétiques de l'Europe.
Le quotidien progressiste Süddeutsche Zeitung commente ce projet: "Certes, mais les avantages dépassent les inconvénients. Parmi ces derniers, se pose tout d'abord la question du transport de l'électricité et de son acheminement par- delà la Méditerranée. Cependant le transfert de courant continu ne pose plus de gros problème, et les coûts additionnels pèsent à peine dans la balance. Deuxièmement, certains craignent la dépendance vis-à-vis d'Etats dans lesquels il faut compter avec le terrorisme islamiste. Mais les terroristes devraient attaquer simultanément plusieurs centrales pour toucher réellement l'Europe. … Desertec constituerait un projet phare pour l'UPM (Union pour la Méditerranée) qui piétine. La troisième objection, qui n'a rien à voir avec l'impérialisme, est qu'on peut réfléchir à des modèles commerciaux grâce auxquels les Africains tireraient également profit de Desertec. Le principal obstacle : les centrales solaires sont chères … La politique doit apporter son concours pour que l'opération Soleil du désert soit un succès."
Par leBlog Enjeux - enjeux.org - le 24 juillet 2009

Une initiative conjointe de la BEI et du FEMISE destinée à préparer la " sortie de crise " en Méditerranée

Le 7 juillet 2009, la BEI a signé avec le FEMISE (réseau euro-méditerranéen des institus de recherche en sciences économiques) une convention destinée à renforcer leur partenariat amorcé formellement en 2006. La première expression de renforcement consiste dans le lancement d'une étude portant sur les conditions de " sortie de crise " pour les pays de l'espace EuroMed, dont les conclusions seront connues durant le premier semestre 2010.
Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI, précise que l'étude " établira en premier lieu les canaux de transmission de la crise et la quantification des effets constatés ou prévus au niveau macro-économique. Elle comportera une dimension prévisionnelle couvrant les trois prochaines années ".
La crise sur la rive sud, dont les effets seront perceptibles avec 3 ans de retard sur l'Europe, donnera son plein effet au moment où l'Europe et les économies occidentales en général commenceront à s'ajuster, affirme Philippe de Fontaine Vive. " Aider ces pays à faire face à la crise d'abord et à en sortir ensuite est un devoir pour l'Union européenne ", estime Jean-Louis Reiffers, président du Conseil scientifique du FEMISE. " Ils n'ont aucune responsabilité financière dans le déclenchement de la crise ", d'autant qu'ils ont fait des efforts pour moderniser leurs économies .
" Les bons élèves seront les plus affectés ", a-t-il souligné et le risque est de compromettre 20 ans d'ajustements soutenus par l'UE.Le FEMISE, créé dès le lancement du processus de Barcelone, et qui regroupe 80 instituts des deux rives de la Méditerranée, a déjà un avis sur la crise prévisible dans cette région. La situation ne sera pas la même d'un pays à l'autre en fonction des caractéristiques de son économie et de sa capacité à faire front à l'impact d'une crise dont les canaux de transmission sont, précise M. Reiffers, le déficit commercial en augmentation, la baisse des transferts financiers des migrants, la réduction des recettes du tourisme et, en particulier, la baisse des réserves financières. Celles-si serait générale sauf en Algérie don les recettes d'origine énergétique s'améliorent dès le dépassement des 40 dollars pour le prix du baril."
Paradoxalement, souligne M. Reiffers, ce sont les pays qui ont ouvert leurs économies qui seront les plus touchés : la Turquie d'abord, ensuite le Maroc et puis l'Egypte seront les premiers affectés ". La Tunisie, pays également ouvert, le sera moins car elle a, selon lui, pratiqué une politique prudente et pu ouverte financièrement, demeurant ainsi à l'abri des soubresaus du marché mondial.
L'étude que ménera le FEMISE sera focalisée sur les scenarios de sortie de crise, à commencer par le besoin d'assainissement bancaire et pour ramener des monnaies " surévaluées " à des niveaux plus proches de la réalité. M. Reiffers souligne déjà le devoir de l'UE d'aider ses partenaires sur ces registres. " On ne peut pas comprendre qu'elle ne mette pas de l'argent, sinon qui va le faire ? " dit-il.
Le risque serait " de compromettre des efforts d'ajustement d'économies très liées à celle de l'UE et dans des pays quasiment intégrés dans son espace économique ".
M. de Fontaine Vive a souligné le rôle de la BEI et de l'Instrument financier qu'elle gère, la FEMIP. La Banque espère obtenir l'accord des Etats membres pour la mobilisation de 2 milliards d'euros en réserve pour préserver la santé économique d'une zone de lus en plusattractive pour les entreprises européennes. Cette option est mise à l'étude dans le cadre de la mission sur la réorientation des mandats extérieurs de la BEI confiée à l'ancien Directeur général du FMI, Michel Camdessus.
Source : Regards-citoyens.com du 18 juillet 2009

Alliance des civilisations ou Union Pour la Méditerranée : la Turquie s’y perd !

Sans compter le processus interminable qui lie la Turquie à l’Union Européenne, Ankara est engagée de même dans d’autres organisations internationales. La première a été initiée par José Luis Zapatero et Tahip Erdogan (prononcez «erdohan») , premier ministre et ancien premier ministre d’Espagne et de Turquie.
La deuxième fait suite au processus de Barcelone visant à réunir les deux côtes de la Méditerranée et les membres de l’Union Européenne, lancée par Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la précédente présidence de l’UE, qui était, et cela ne vous aura pas échappé, française ! Ces deux initiatives sont toutes les deux d’inspiration « européenne » mais la Turquie y joue un très grand rôle dans chacune d’entre elles. D’où la question soulevée lors d’un colloque le 11 juillet dernier à l’ENS rue d’Ulm : « Alliance des civilisations ou union pour la méditerranée : deux processus compatibles ou concurrents ? »

Une relation bilatérale mise à mal qui tente de se reconstruire
De nombreux spécialistes ont été amenés à disserter sur ce sujet d’actualité, dans la langue de Molière, de Shakespeare ou celle de Nasrettin Hodja (personnage mythique turc) ! Ainsi, les deux parties qui ont organisé ce colloque (Center for Global Political Trend d'Istanbul Kultur University et le centre de Géostratégie de l’Ecole Normale Supérieure) se sont attelés à redonner des couleurs aux relations houleuses qui existent depuis 2007 entre la Turquie et la France. La France est effectivement vue depuis l'accession de Sarkozy comme hostile à la Turquie, qui le lui rend bien.

Une question identitaire inévitable
Parmi les nombreux intervenants, Franck Debié, directeur général de la fondation Chirac, ainsi que dirigeant du centre de géostratégie de l'ENS, s’est illustré pour ses capacités d’analyse et de synthèse. Pour cet agrégé de géographie, les relations houleuses entre l’UE et la Turquie s’expliquent par un problème de représentations. Il y a en effet un déficit d’interactions réelles entre les peuples et les économies européennes et turque.
Il faut donc avancer plus rapidement que lors du processus de Barcelone, pour répondre aux défis communs. Parmi ceux-ci, l’intervenant s’est focalisé sur la politisation des identités post-nationales et de l’identité européenne qui pourrit le dialogue entre les deux parties.
Ces politisations qui entraînent des discriminations notamment à l’égard des populations turques immigrées en Allemagne ou en France, troublent le jeu de représentation entre les deux parties (UE et Turquie) puisque ces discriminations sont ressenties aussi en Turquie, du fait de la hausse des interactions médiatiques. La politisation des identités européennes et turco-musulmane appauvrit de fait le contenu des échanges et détruit l’idée d’une civilisation méditerranéenne commune alors que les évidences historiques sont là pour le rappeler.
C’est d’autant plus regrettable puisque l’on assiste à un rattrapage économique sans précédent du côté oriental de la Méditerranée, et l’influence de la Turquie va s’accentuer dans cette zone. Istanbul va en devenir le nouveau centre, comme c’était le cas quelques siècles auparavant.
Ainsi, le conférencier croit disposer de trois instruments pour travailler ensemble et lutter contre ces phénomènes de rejet. L’alliance des civilisations tout d’abord qui entend combattre la crainte de l’Islam et la haine de l’occident, en proposant des garanties réciproques. D’autre part, Franck Debié met en lumière le processus d’européanisation de la Turquie : le pays a en effet fait un choix clair, celui d’un modèle de société qui repose sur le capitalisme et un système politique démocratique.
La Turquie a d’or et déjà fait le choix d’une certaine culture qu’on le veuille ou non. Enfin, l’Union Pour la Méditerranée qui présente de nombreux projets concrets, même si le problème des visas et la question de l’asile doivent faire l’objet de plus d’effort de la part de l’UE pour instaurer une confiance maximale entre les deux rives.
Parmi ceux-là, figurent la dépollution de la Méditerranée, le développement durable, la réorganisation des façades portuaires et la possibilités pour les étudiants du sud d’aller étudier dans les universités du nord. L’UPM, c’est notamment un investissement de 5 millions d’euros par la BEI (banque européenne d’investissement) et de 7 millions par la BCE. Pour mettre à bien ces projets, la Turquie dispose notamment d’un secrétaire général au sein de l’UPM.
Le jeu de miroir
Toujours dans le domaine des représentations, Jean François Bayard, célèbre spécialiste de la Turquie, met en exergue le rôle de l’imaginaire ordinaire et freudien. Ainsi, l’imaginaire constituant des relations franco-turc, relèverait d’un délire constituant aux dimensions fantasmatiques », selon le chercheur.
On peut le ressentir, lorsque l’on sait que Giscard d’Estaing, qui se prononce contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, n’a jamais mis les pieds dans ce pays. Lorsque Nicolas Sarkozy affirme que « la Turquie n’appartient pas géographiquement à l’Europe », cette citation procède de même d’un imaginaire très français. C’est en fait dû à l’image du fantasme hexagonal, consigné à l’école, et le Président de la République reconstitue cet imaginaire au goût terriblement IIIe république.
Un imaginaire à déconstruire
Ainsi, la bataille pour l’adhésion passe par trois points qui ont à voir inévitablement avec cet imaginaire qui perturbe les relations franco-turques. Premièrement, au niveau de l’histoire la Turquie fait partie de l’espace civilisationnel européen. En effet, les historiens de l’Empire ottoman ont démontré que l’Empire a participé à la renaissance occidentale. Cette histoire partagée a encore des ramifications aujourd’hui.
Par exemple, l’affaire ERGENEKON (tentative de coup d’Etat avortée récemment) n’est qu’un phénomène de l’OTAN importée en Turquie. Deuxièmement, cet imaginaire entraîne une certaine ambivalence dans les rapports UE/Turquie. Par exemple, ce pays n’est perçu qu’à travers l’immigration, les crimes d’honneur ou Tarkan le chanteur ? ou Fati Akin ? le célèbre réalisateur du film De L’autre côté.
Enfin, citons deux figures centrales du malentendu franco-turc. Tout d’abord l’image du despotisme oriental qui avait été initiée par les philosophes français (cf Les lettres persanes de Montesquieu) qui, pour échapper à l’absolutisme occidental dénonçaient le despotisme oriental. Or cette « technique » a été prise au sérieux lors des siècles suivants, en l’érigeant en tant que vérité.
Ainsi, le film Midnight Express n’en est qu’un avatar. Enfin, il s’agirait de dissiper l’illusion de la ressemblance entre la laïcité turque et française. Pour le premier cas, il s’agit plus d’une pratique césaro-papiste de l’Etat par rapport au religieux.
C’est à dire que l’Etat encadre la religion islamique, car l’Islam demeure la matrice de la citoyenneté turque. Tandis que pour le second cas, la loi de 1905 assure la stricte séparation entre le pouvoir et le religieux. En conclusion, cette frontière fantasmatique fait de la France "l’autre" de la Turquie et vice versa. Les conceptions ethnico-nationalo-conferssionelles exclusives dans chaque pays font que les dirigeants actuels osent des phrases comme «La France ( ou la Turquie), tu l’aimes ou tu la quitte».
Cependant, d’autres courants de pensée, certainement plus favorables à une intégration de la Turquie dans l’UE existent. Par exemple, et c’est un symbole fort, à l’occasion de la mort d’Hrant Drink (Directeur turco arménien du journal Agos assassiné en 2007) de nombreux citoyens et intellectuels turcs se sont écriés « Nous sommes tous des Arméniens »

Ils sont loin les 35 chapitres de négociation
Le processus de négociation, qui a débuté en octobre 2005, et qui regroupe 35 chapitres afin d'intégrer l'Union Européenne semble effectivement ne pas prendre en compte la question identitaire sous-jacente. En effet, d'après l'intervenant Fuat Keymani, après 50 ans de construction communautaire, l'UE traverse sa crise identitaire de la cinquantaine. «Nous somme arrivés à un moment ou nous devons répondre à cette question: dites moi vos valeurs, et je dirais qui vous êtes".
La Turquie, architecte de l'Alliance des civilisations, et partenaire incontournable de l'Union Pour la Méditerranée, fait un retour en force sur la scène européenne. Son intégration ou non dans l'UE aura un impact énorme et redéfinira de facto l'identité de l'UE, plus que jamais «cet objet constitutionnel non identifié», d'après Jacques delors.
Par Henri Lacour - Paris.cafebabel.com - le 25 juillet 2009

L’Initiative Textechmed

Attirer les entreprises pour s’implanter sur les composantes du Pôle de Compétitivité Monastir-El Fejja « mfcpole » (Technopole Textile, Zone de Finissage Textile, Parcs d’Activités Industrielles), tel est le but principal recherché par MFC Pôle à travers son adhésion à l’Initiative Textechmed qui vient de démarrer à Fès au Maroc avec la participation de plus de 200 professionnels du textile et de l’innovation.
Il s’agit aussi de soutenir le développement de ces entreprises et leur compétitivité en leur offrant un environnement de réseautage et des services de base, d’implantation, collectifs et métiers, ainsi que de regrouper les structures de recherche et d’industrie autour de projets collaboratifsTextechmed est une initiative qui vise à encourager la création d'une offre complète de produits et services, de professionnels du textile pour des applications techniques en Méditerranée.
Avec les échéances du marché unique 2013, la Méditerranée se doit de dessiner une vision d’avenir, fondée sur la sûreté, l’innovation, la recherche et la formation. La filière du textile joue un rôle-clé à la fois dans les économies méditerranéennes et dans les échanges entre celle-ci et l’Union Européenne. Une complémentarité forte s’est instituée dans cette filière entre les deux rives. Confrontée au double défi d’une concurrence accrue sur le marché européen et leurs marchés domestiques, les entreprises de la filière du textile méditerranéen doivent se moderniser. La filière est confrontée à des évolutions technologiques qui concernent aussi bien les process de production que les produits finis eux-mêmes.
Si l'on considère des pays comme la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Turquie, la Syrie, chacun dispose d'atouts complémentaires qui pourraient servir à constituer une offre globale et cohérente.
Du côté Nord de la Méditerranée, les professionnels européens ont besoin de visualiser mieux les opportunités de collaboration, qu’ils s’agissent de transfert de technologie, d’investissement, de joint venture, comme d'accès aux marchés nationaux.
TexTechMed a pour vocation de proposer à l’horizon 2013 une lecture de la valeur ajoutée de l’économie du textile en Méditerranée. Une des réponses potentielles est de créer les conditions à des dynamiques de transferts de technologies, de savoir-faire, de compétences, de process d’innovation individuels et collectifs.
C’est au travers d’actions innovantes « produits – process – marché – services – organisationnelles » qu’il est nécessaire d’impliquer, non seulement, les entreprises, mais aussi, les stakeholders afin de catalyser des projets collectifs multipartites : territoires géographiques et territoire technologiques (clusters, grappes, …), investisseurs, financiers publics et privés et fournisseurs de services.
Textechmed s'adresse non seulement aux entreprises, mais aussi aux structures d'appui, technopoles ou zones d’activité spécialisées, aux centres techniques, centres de formation et de recherche, aux investisseurs, et aux responsables du développement des territoires.
Pour permettre aux acteurs de communiquer de manière permanente et efficace, Textechmed utilise une plateforme Web de collaboration multi acteurs. Grâce à la plateforme, les acteurs peuvent visualiser les tendances des marchés les évolutions techniques et technologiques, identifier les partenaires évoluant sur les segments regroupant les activités « textile » proprement dites, ou les segments regroupant les services à l’industrie, les activités « connexes » : Matériaux, Microélectronique, etc. Cette plateforme fait également office d’annuaire intelligent et permet d’orienter les acteurs vers les projets, les territoires, les entreprises, les plus pertinents.
Déjà, durant ce premier événement abrité par la ville de Fès, des opportunités tangibles ont déjà été identifiées.120 acteurs (dont notamment 15 entreprises et 15 acteurs : financiers, fournisseurs de services, centre de recherche dans chacun des pays partenaires Maroc, Tunisie, France, et Belgique) ont déjà exprimé leur intérêt et feront partie des premiers acteurs à accéder aux événements, aux services de Textechmed.
Dans la même logique, les acteurs de la Syrie, de l’Egypte, de la Turquie seront sollicités via le réseau Texnet initié dans le cadre du projet MEDIBITKAR. Des investisseurs financiers représentés ont manifesté leur intérêt à financer les projets d’entreprises ayant décidé de franchir le pas.
D’autres souhaitent s’impliquer dans le financement d’infrastructures mutualisées.D’autre part, une multinationale a manifesté sont intérêt à développer sa présence et des activités techniques en MEDA, au travers de la mise en place de collaboration avec des TPE / PME, avec des Zones d’activités spécialisées, comme pour établir un Institut de Formation pour ses employés, alors que des établissements de formation ont décidé d’intégrer des modules spéciaux pour les créateurs designers afin de les sensibiliser à ces marchés.
Enfin, plusieurs contributeurs publics et privés, consultants ou représentants d’association ont donné leur accord pour participer au comité d’experts associés (Textechmed - CEA) qui contribuera à la détection et à la concrétisation des opportunités.
Par Africanmanager.com - le 22 juillet 2009

L'AFPA en mission pour l'Union pour la Méditerranée

L'association pour la formation professionnelle des adultes Provence Alpes Côte d'Azur s'est engagée dans la conduite d'un projet de formation professionnelle pour l'Union pour la Méditerranée
Dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, fondée le 13 juillet 2008 dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne et réunissant 43 membres, la formation professionnelle est un enjeu déterminant pour la modernisation, la diversification et le développement des économies des pays membres.
C'est un instrument de convergence économique et social. L'association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) va piloter une mission sur ce thème depuis Marseille. Le lancement de la mission s'effectuera en présence de Philippe Caïla, directeur général de l'Afpa (photo ci-dessous) et de Jean-Jacques Blanc, directeur régional de l'Afpa.
La formation professionnelle doit permettre de répondre à la demande d'emplois qualifiés pour servir l'économie, améliorer la compétitivité des entreprises et favoriser les mobilités professionnelles. Elle doit être en adéquation avec les besoins du marché. L'Afpa a compétence pour répondre en qualité d'intégrateur et ainsi assurer l'ingénierie de formation, l'assistance technique, la formation des formateurs.
La ville de Marseille, siège de l'Union pour la Méditerranée, avait naturellement vocation à devenir ce centre d'expertise en matière de formation professionnelle.
L’enjeu du projet
Les estimations concordent sur le chiffre de 22 millions d’emplois nouveaux à créer dans les 15 prochaines années. Cela simplement pour éviter une aggravation du taux de chômage dans les pays partenaires méditerranéens. A cette fin, le renforcement du capital humain par la formation professionnelle représente un enjeu essentiel pour la modernisation, la diversification et le développement des économies des pays membres de l’UpM.
La plus-value de l’AFPA PACA dans ce projet :
- La proximité : des compétences nationales et internationales et son implantation sur le pourtour méditerranéen. Tunisie, Maroc et Egypte ont notamment engagé depuis plusieurs années d’importants processus de réforme de leur dispositif de formation dans lesquels l’AFPA a été fortement impliquée,
- ses compétences sur l’ingénierie de formation, l’assistance technique, la formation de formateurs,
- son expérience et sa capacité à répondre à la demande d’emplois qualifiés pour servir l’économie, à améliorer la compétitivité des entreprises et favoriser les mobilités professionnelles
Perspective
La ville de Marseille a pour vocation de devenir le centre d’expertise en matière de formation professionnelle. L’AFPA doit jouer au sein de l’UpM un rôle d’intégrateur majeur à travers la constitution d’une plateforme interinstitutionnelle dans le domaine de la formation
Par Marseille.fr et Afpa.fr - le 22 juillet 2009




L'UPM parie sur l'énergie pour se relancer

Le Forum économique et financier de l'Union pour la Méditerranée, qui se tient à Milan, a permis aux 43 pays participants de passer en revue les dispositions visant à réduire l'inégalité entre les rives nord et sud de la Méditerranée.
Un an après le
sommet de Paris qui a institué l'Union pour la Méditerranée (UPM), les pays du Nord et les pays du Sud qui en font partie - 43 au total et quelque 600 millions d'habitants - ont confronté leurs objectifs et leurs attentes lors d'un forum de deux jours à Milan.
Ces assises ont passé en revue les moyens mis en œuvre pour surmonter les problèmes séparant les deux rives de la Méditerranée : disparités économiques et financières, déséquilibre des ressources énergétiques, démographie mal contrôlée, obstacles au développement de réseaux d'entreprises.
Le Sud connaît une crois­sance globale de 3,5 % alors que le Nord subit une récession de 2 %. C'est pourquoi la Banque européenne d'investissements (BEI), qui est le plus important investisseur international du bassin, voit des avantages réciproques et réels à renforcer la coopération. «D'une région de solidarité, nous devons faire une région d'opportunité. Se brancher sur cette région dynamique est essentiel», insiste son vice-président Philippe de Fontaine Vive.
En ouvrant lundi matin les travaux des assises, Silvio Berlusconi a rappelé la «modestie» des résultats obtenus depuis l'accord de Barcelone, en 1997. Dans la foulée du G8 de L'Aquila qui a débloqué 20 milliards de dollars sur cinq ans essentiellement en faveur de l'Afrique, le président du Conseil italien a notamment appelé à faire de l'UPM «un ensemble beaucoup plus concret au service du bien-être et du développement».
Un «espace de croissance et de prospérité partagées»
Le président Hosni Moubarak, coprésident de l'UPM, a dégagé trois domaines d'intervention : le développement du nucléaire civil et des énergies renouvelables, solaire en premier lieu, pour permettre aux pays du Sud de respecter l'échéance européenne de 2020 avec 1/5 d'énergies renouvelables ; les transferts de capitaux et de savoir-faire nécessaires à la création d'un tissu de PME au Sud, notamment dans l'agroalimentaire ; une coopération accrue dans les infrastructures pour «réduire l'impact de la crise».
Christine Lagarde, ministre française de l'Économie se dit encouragée par le lancement de «projets structurants d'éco-croissance». Elle voit ainsi dans le «plan soleil» pour la Méditerranée un «espace de croissance et de prospérité partagées» et se félicite de la mise en place de facilités d'investissement destinées à relancer le commerce.
Antonio Tajani, vice-président de la commission de Bruxelles, annonce pour la fin octobre à Naples un Conseil des ministres des transports des «43» qui sera chargé de définir une nouvelle politique des échanges maritimes dans le bassin méditerranéen. Il appelle aussi de ses vœux de grands projets d'infrastructures dans l'énergie financés par la BEI et la commission de Bruxelles.
Au nombre des autres programmes évoqués à Milan figurent aussi la dépollution des sites industriels considérés comme «historiques» autour de la Méditerranée, l'aide à la formation post-universitaire et l'accès des PME du Sud au marché européen.

Par Richard Heuzé, envoyé spécial à Milan - LeFigaro.fr - le 21 juillet 2009

Intégration euro-méditerranéenne - Une nouvelle feuille de route en préparation

Un nouveau pas serait franchi dans le processus de l'intégration euro-méditerranéenne, suite à une importante rencontre à Marrakech. En fait, la ville ocre a abrité dimanche et lundi la 4ème session du Groupe de Travail des hauts fonctionnaires Euromed chargé d'élaborer une "nouvelle feuille de route" euro-méditerranéenne pour le commerce à l'horizon 2010.
Cette réunion a permis à ce groupe de travail d'approfondir la réflexion sur la manière de diversifier et de promouvoir le commerce, l'intégration industrielle et l'investissement. Sa première session avait eu lieu au Caire et les deux suivantes à Bruxelles.
L'ordre du jour de cette réunion a été arrêté, suite aux recommandations de par la 6e Conférence Euromed des ministres du Commerce, tenue à Lisbonne en octobre 2007, dans le cadre des efforts visant l'édification d'un espace Euro-méditerranéen de paix et de prospérité partagée.
Cette rencontre est une occasion pour le Maroc d'émettre ses propositions pour faire avancer le processus de l'intégration euro-méditerranéenne, au profit de toutes les parties. Il s'agit notamment, comme l'a rappelé Khalid Sayah, directeur des relations commerciales au ministère du Commerce extérieur, de déployer des «efforts soutenus pour améliorer l'accès aux marchés, par le biais de l'assouplissement des règles d'origine pan Euromed, afin de prendre en considération les spécificités des pays de la rive sud-méditerranéenne et l'accélération des négociations d'accords sur l'évaluation de la conformité et l'acceptation des produits industriels (ACAA) dans les secteurs sélectionnés».
Pour ce faire, il faudra, selon le même responsable, favoriser une asymétrie des engagements dans le cadre des négociations en cours sur les produits agricoles et de la pêche de sorte à prendre en compte le niveau de développement des parties et les intérêts des pays méditerranéens en matière de négociations sur les services et droit d'établissement, notamment en prévoyant des concessions en matière de mobilité des personnes physiques.
Et ce n'est pas tout. Le représentant du Maroc à cette réunion du Groupe de Travail des hauts fonctionnaires Euromed signale d'autres préalables à cette intégration. Il s'agit notamment de "la reconnaissance par l'UE des qualifications professionnelles et des diplômes en vue de faciliter la libre circulation des personnes et la mise en place de standards minimaux au niveau de la région Euromed, en vue d'améliorer l'accès à nos marchés respectifs et également établir un climat plus favorable à l'investissement national et étranger, en assurant davantage de transparence, de prévisibilité et une croissance économique plus soutenue".
De même, selon M. Sayah, certes l'intégration nord-sud constitue l'un des piliers de la Zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Toutefois, nuance-t-il, l'évaluation préliminaire des accords de libre-échange mis en place entre l'UE et la rive Sud de la Méditerranée révèle que ces accords n'ont pas eu l'effet escompté sur l'expansion du commerce et de l'investissement.
Et pour cause.
L'accès aux marchés, relève-t-il, continue à faire face à une multitude d'obstacles, dont essentiellement les règles d'origine, les normes et règlements techniques et les exigences sanitaires et phytosanitaires."Nous estimons que l'intégration complète ne pourra se faire qu'à travers une harmonisation du cadre réglementaire entre les pays du Sud et de l'UE dans tous les domaines couverts par le processus Euromed (biens, services, droit d'établissement, ADPIC)", a-t-il conclu.

Rapport sur l'étude d'impact
Selon Khalid Sayah, directeur des relations commerciales au ministère du Commerce extérieur, le Maroc ne cesse de déployer des efforts pour se rapprocher de l'acquis communautaire et ce, dans le cadre du Statut avancé qui nécessite un travail continu d'harmonisation et de convergence réglementaire couvrant tous les aspects liés au marché intérieur communautaire.
Il est à noter qu'au cours de cette réunion, la Commission européenne (CE) doit présenter un rapport intérimaire sur l'étude d'impact concernant l'intégration économique dans la Zone Euromed et sur les entraves aux échanges commerciaux et aux investissements aussi bien Nord-Sud que Sud-Sud. La nouvelle feuille de route doit être soumise à la prochaine Conférence des ministres du Commerce Euromed prévue en novembre prochain.
Par Lahcen Oudoud - leMatin.ma - le 20 juillet 2009

" Réussir en Méditerranée " : une brochure de la BEI, de la Commission européenne et du réseau ANIMA, à l'intention des investisseurs

La Banque européenne d'investissement (BEI), le réseau d'appui aux entrepriss ANIMA Investment Network et la Commission européenne ont produit une brochure intitulée " Réussir en Méditerranée " qui rassemble des témoignages d'entrepreneurs des rives nord et sud de la Méditerranée dont les projets ont réussi malgré les difficultés politiques qui freinent le plein développement du dialogue économique et social entre l'Union européen et les pays du pourtour méditerranéen.
Le but visé par cette démarche est d'apporter la preuve que " la coopération dans la région est déjà une réalité économique, sociale et humaine " et de " démontrer les avantages mutuels du processus d'intégration lancé en 1995 à Barcelone ".
La BEI et la Commission eurpéenne soulignent qu' " en cette période d'incertitude économique, la coopération entre l'Europe et la Méditerranée est plus importante que jamais. ort de quelque 750 millions d'habitants, le marché euro-méditerranéen pourrait aider les deux rives de la Méditerranée à faire face à la concurrence d'autres régions du monde, mais les échanges commerciaux et les investissements doivent pour cela être encouragés.
"Cette brochure, qui a été présentée aux ministres de l'Economie et des Finances de l'espace euroméditerranéen réunis à Bruxelles le même jour, peut être obtenue sur demande auprès de la Commission européenne ou de la BEI."
Med Alliance ", un consortium d'agences de promotion de l'investissement, des organisations professionnelles et des chambres de commerce européennes et méditerranéennes, a identifié plusieurs secteurs susceptibles d'intéresser aussi bien des grandes entreprises que des PME désireuses d'investir dans la région. Ces secteurs sont ceux de la distribution, de la logistique, de la construction (y compris le logement), du développement urbain et des dervice connexes en matière d'énergie et d'environnement.
Source : Regards-citoyens.com du 18 juillet 2009

Pour la Méditerranée : c’est le watt qu’ils préfèrent

L’idée paraît séduisante sur le papier : produire de l’électricité solaire à 4 ou 5 cents d’euro le kWh. C’est l’ambition de Desertec Industrial Initiative.
Des scientifiques y pensent depuis longtemps, le Club de Rome défend l’initiative, la sphère économique commence à s’y intéresser. Présenté de façon plus précise, le projet Desertec consiste à installer un réseau haute tension entre le Nord de l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe.

Pour les régions ensoleillées des continents non européens, en ajoutant le sud de l’Espagne, la Sicile ou la Grèce : des centrales solaires. Pour l’Europe moins ensoleillée, une partie de sa ressource électrique, environ 15 % en 2050.
Lundi 13 juillet, une douzaine de sociétés ont créé Desertec Industrial Initiative. Une majorité d’opérateurs allemands tels ABB, Deutsche Bank, E.ON, Munich Ré, Siemens. Le premier travail de la société est de mettre au point, d’ici à 2012, le business plan d’un projet qui suscite autant d’enthousiasme que de scepticisme. L’investissement atteindrait 400 Md€ en 40 ans. Gros avantage, on lutte contre le réchauffement climatique (humour), mais pas dans les régions du monde les plus peuplées (humour bis).
Les centrales solaires alignent des capteurs longs, à concentration de flux grâce à des miroirs paraboliques. La vapeur anime des turbines. L’électricité produite serait transportée par un réseau en courant continu à haute tension : CCHT, très différent des lignes à très haute tension en courant alternatif. Des lignes coûteuses, mais qui limiteraient les pertes entre 10 et 15 %. Un membre du directoire de Munich Ré (réassureur de son métier) affirme que « cela reviendra moins cher de produire l’électricité en Afrique plutôt qu’en Espagne, bien que le courant doive être transporté » sur de bien plus longues distances.
Le groupe énergétique Vattenfall considère que l’investissement représente « une somme énorme » pour seulement 15 % de l’électricité consommée en Europe. Son dirigeant Lars Josefson « ne pense pas que cela soit réaliste ».
Nous serions assez satisfaits de l’étude géopolitique du projet. Les régions traversées recèlent à la fois des ressources dans leur sous-sol qui intéressent moult opérateurs économiques, et des populations “ légèrement ” exclues de la montée des richesses sur la planète. On n’oubliera pas le développement de l’agriculture sur place. Quand on sait que toute perturbation économique génère des relations humaines conflictuelles… Et même si les régions concernées « au sud » ont des régimes politiques stables, oublie-t-on déjà les manœuvres de Moscou (et ce pourraient être d’autres États) sur les gazoducs et le chauffage en Ukraine ou ailleurs ?
Pour les moins jeunes d’entre nous, avons-nous oublié les délires des années 60 : d’une part les autoroutes allaient passer sur les immeubles résidentiels (on ne parlait pas trop d’immeubles de bureaux), d’autre part, en lieu et place d’une “ bagnole ”, chaque foyer disposerait d’un hélicoptère personnel… dès l’an 2000.
Par Pascal Graindorge - Francebtp.com - le 15 juillet 2009

Desertec : le projet colossal du solaire saharien... pour l'Europe

Des dizaines de Centrale solaire tout autour du Sahara, qui enverraient une partie de leur électricité vers l'Europe : c'est le projet démesuré baptisé Desertec, lancé par des industriels allemands, qui se réunissent aujourd'hui.
L'Europe a besoin d'une énergie propre. Le Sahara brûle sous le
Soleil. Pourquoi ne pas capter là-bas les photons qui seraient utiles ici ? Sur cette idée est né le projet Desertec, qui réunit essentiellement des poids lourds de l'industrie et de la finance allemandes, comme Siemens et la Deutsche Bank, ainsi que, par exemple, l'espagnol Abengoa Solar et l'algérien Cevital.
Une trentaine d'installations seraient réparties en bordure des zones désertiques, essentiellement en Afrique du Nord et au Proche-Orient, des côtes marocaines jusqu'à la péninsule arabique, mais aussi en Espagne, en Sicile et en Grèce. En tout, ces centrales couvriraient des milliers de kilomètres carrés.
La technologie serait la plus classique : le thermosolaire. Des séries de
miroirs de section parabolique, capables de suivre la course du soleil, concentreraient la lumière vers une structure cylindrique, échauffant un fluide jusqu'à 400°C. Sa chaleur serait transmise à un circuit d'eau, transformée en vapeur et faisant tourner des turbines. La production électrique serait acheminée par des câbles enfouis dans le sol ou sous-marins pour la traversée de la Méditerranée.
Pour 400 milliards d'euros, à dépenser sur quarante ans, cette réalisation pharaonienne pourra fournir 15% de l'énergie consommée en Europe en 2025, affirment ses partisans.
Réunis aujourd'hui autour de la compagnie de réassurance Munich Re, les industriels intéressés devraient décider de la mise en place d'un consortium pour faire avancer sérieusement le projet. Le gouvernement allemand soutient l'idée et veut la soumettre à la Commission européenne pour décider du financement et de la collaboration avec les pays concernés, qui accueilleront ces centrales.
Collaboration internationale obligatoire
Une partie seulement de l'électricité produite serait dirigée vers l'Europe. C'est une manière, expliquent les promoteurs de Desertec, de répondre aux besoins présents et futurs des pays du sud. Certains ont du pétrole mais doivent désormais penser à la phase suivante, quand les puits seront épuisés. Et tous les autres devront faire face à des demandes croissantes, dont on estime qu'elles auront augmenté de 70% dans vingt ans.
Impliqué dans les discussions, l'
Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME) est favorable au projet, à condition qu'il intègre d'autres sources d'énergies renouvelables, l'éolien notamment mais aussi l'utilisation de la biomasse.
Le projet a ses détracteurs, qui dénoncent son coût (50 des 400 milliards seraient consacrés au transport de l'électricité), sa complexité technique mais aussi politique.
De plus, expliquent-ils, l'idée tourne le dos à un des avantages des énergies renouvelables qui est celui de la décentralisation possible, pour promouvoir au contraire un maintien des monopoles sur la production d'électricité. Le tarif de l'électricité, enfin, risque d'être assez élevé.
Les promoteurs du projet insistent, eux, sur la robustesse des techniques envisagées, bien rôdées. Quant aux possibles soucis politiques, ils existeront sûrement, mais une telle entreprise internationale serait aussi l'occasion d'une collaboration entre de nombreux pays. Enfin, estiment-ils, le tarif, lui, devrait un jour devenir concurrentiel.
Par Jean Luc Goudet - Futura-sciences.com - le 15 juillet 2009

Réunion des ministres de l'économie et des finances de l'espace euro-méditerranéen

La réunion des ministres de l'économie et des finances de l'espace EuroMed, qui s'est tenue le 7 juillet à Bruxelles, a souligné l'intérêt de renforcer la coopération ente les pays des deux rives dans le contexte de la crise mondiale, laquelle pose un " extraordinaire défi " commun. Les deux co-présidents, la minsitre française de l'Economie et des Finances, pour la rive Nord, et son homologue égyptien Youssef Boutros-Ghali, pour la rive Sud, ont tous deux estimé que la réunion avait été " fructueuse " et ont souligné le besoin de coordination face à la crise mondiale pour préserver la croissance et l'emploi.
Il a été question des projets envisagés dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UpM) qui visent à lancer des travaux de garnde envergure dans l'énergie renouvelable, les transports, la dépollution marine et l'instauration d'un clima favorable à l'activité des entreprises. Philippe Maystadt, qui préside la BE, a affirmé l'engagement de son institution bancaire à soutenir cette politique de développement, promettant en particulier " plus de souplesse " dasn l'octroi de ressources financières.
La réunion, à laquelle assistaient le ministre suédois des Finances, Anders Borg, qui préside actuellement le Conseil ECOFIN, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquuim Almunia, mai pu de ministres des pays partenaires (outre M. Boutros Ghali, seuls ses homologes marocain, libanais et un secrétaire d'Etat tunisien ont pris part aux travaux, les autres pays de la rive Sud étant représentés par des ambassadeurs ou des fonctionnaires), a produit un texte de " conclusions communes ".
Les ministres y ont appelé à serrer les rangs et à réagir avec " vigueur et en coordination " pour stabiliser les marchés financiers et soutenir les efforts internationaux de redressement des économies.Les ministres ont affirmé leur conviction commune quele protectionnisme commercial ne peut être la bonne réponse et serait même " contre-productif ".
L'Union pour la Méditerranée est désignée comme un cadre utile pour faire face ensemble à la crise et, dans cet esprit, les ministres ont appelé à fortifier l'effort d'intégration régionale euro-méditerranéenne, à promouvoir la coopération " Sud-Sud " et à agir dans la transparence pour que les citoyens se sentent concernés.Ils se sont félicités de constater la forte mobilisation des institutions de financement aux côtés des partenaires euro-méditerranéens, comme l'a prouvé la récente réunion à Paris sur le développement durable.
Selon les ministres, 5 milliards d'euros sont déjà disponibles en provenance de donateurs divers sont la BEI, l'Agence français de développement (AFD), et KfD, pour soutenir des projets dans l'énergie renouvelable. Ils ont également pris note positivement de la mobilsiation du secteur privé, notamment à travers le réseau d'investisseurs " Inframed ", spécialisé dans le crédit à long terme, et mis en place en avril dernier à Alexandrie. Inframed viendra compléter les ressources de la BEI (au titre de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat - FEMIP -) pour soutenir des projets dans les domaines de l'infrastructure des transports, de l'énergie et de l'urbanisme.
Les ministres ont abordé la question des réformes économiques dans les pays partenaires et ont rappelé les recommandations adoptées en 2005 lors de leur réformes économiqes dans les pays partenaires et ont rappelé les recommandations adoptées en 2005 lors de leur rencontre de Skirat au Maroc. Celels-ci incitent à améliorer davantage le climat d'accueil des investisseurs qui souhaitent intervenir au bénéfice de l'activité des entreprises, en particulier les PME, de libéraliser les économies pour améliorer la compétitivité, de veiller à la bonne gouvernance dans le secteur public et, enfin, de veiller à la stabilité macroéconomique dans les pays partenaires.
(NDLR Regards-citoyens : recommandations qui figuraient déjà au début des années 80 dans les nombreux rapports de la Banque mondiale - et du FMI , qui appelaient à la mise en place dans ces mémes pays de politiques d'ajustements stucturels afin notament d'y permettre la libéralisation de leur économie et le soutien du secteur privé ...)
Source : Regards-citoyens.com du 18 juillet 2009

Union méditerranéenne - Bilan d'une année... d'inactivité

Paris a été le théâtre, les 13 et 14 juillet derniers, d'une importante conférence regroupant l'ensemble des chefs d'État des pays du pourtour méditerranéen, à l'exception fort remarquée du président libyen, Mouammar Kadhafi. À cette occasion fut officiellement lancé le projet d'Union pour la Méditerranée.
Vaste chantier développé dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne de 2008, l'Union méditerranéenne (UM) a d'abord été présentée comme l'initiative de coopération panméditerranéenne la plus importante de la décennie. L'UM visait d'abord à offrir un nouveau cadre au dialogue euro-méditerranéen, là où avait échoué le processus de Barcelone qui n'avait pas su prouver sa pertinence en regard des enjeux régionaux.
La mise en place d'une «union de projets» des 25 États méditerranéens répondait donc à l'urgence de résoudre des problématiques régionales aussi nombreuses que concrètes sur l'immigration, la sécurité, le commerce, l'eau, l'environnement et la création d'institutions indispensables à l'élaboration de plans d'action d'envergure, ainsi qu'à leur mise en oeuvre.
Mais au terme de cette première année d'activité, quel bilan pouvons-nous faire l'Union méditerranéenne?

Inadéquation entre mission et moyens
Avant même que les chefs d'État méditerranéens s'entendent sur la plateforme proposée par le président Nicolas Sarkozy, les spécialistes de la Méditerranée, dont le chercheur palestinien Bichara Khader, émettaient déjà de sérieux doutes quant au bien-fondé à long terme d'une organisation dont le principal critère d'adhésion résidait sur la seule situation géographique de ses membres.
En effet, réunir dans une seule organisation un nombre aussi considérable de pays, vivant des réalités politiques et socio-économiques fort différentes, rendait illusoire le souhait exprimé par l'establishment diplomatique français de voir émerger une communion d'esprit sur les solutions à apporter aux problèmes méditerranéens.
D'office, la persistance des conflits armés qui enflamment le sud de la Méditerranée et les Balkans vient miner les efforts qui visent à renforcer la coopération entre les pays riverains.
En effet, prétendre que l'intégration de belligérants à une organisation internationale peut favoriser le règlement pacifique de conflits armés, tel que le conflit israélo-arabe, c'est faire fi des enseignements les plus élémentaires de l'Histoire. L'Union européenne ne s'est-elle pas constituée seulement après que les camps ennemis ont convenu de ranger les armes définitivement?

Ambitions de la France
D'autre part, la création de l'UM vient institutionnaliser la périphérisation d'États qui pouvaient jusque-là aspirer à adhérer à l'UE, pensons par exemple à la Turquie. Enfin, d'influents partenaires européens sont simplement laissés de côté, dont l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
Ceci explique pourquoi la Commission européenne est réticente à voir les moyens financiers de l'UE mis au service des ambitions méditerranéennes de la France dans ses anciennes zones d'influence: le Maghreb, l'Égypte et la Syrie.
Nicolas Sarkozy n'a eu d'autre choix que de tempérer ses ambitions pour que ses partenaires européens consentent à abroger le processus de Barcelone au profit de la nouvelle organisation. Au terme du Sommet de Paris, le projet initial d'Union méditerranéenne avait été tant édulcoré que sa viabilité même semblait être remise en question.

De nombreux chantiers
Sur le plan institutionnel et politique, il est prévu de doter l'UM d'un secrétariat permanent que Barcelone devrait, en principe, héberger. Le secrétariat serait chapeauté par un Conseil méditerranéen regroupant les gouvernants des États riverains de la Méditerranée et qui se rencontreraient à échéance régulière pour définir les priorités communes. Monsieur Sarkozy a aussi suggéré de mettre en place de nouveaux outils financiers permettant de dynamiser les échanges économiques interrives.
Une Banque euro-méditerranéenne serait créée de façon à renforcer la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP), et permettrait de coordonner les investissements dans la zone méditerranéenne de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la Banque de développement du conseil de l'Europe (CEB) qui n'ont pas de mandat spécifique concernant l'espace méditerranéen.
Cette nouvelle institution financière aura pour fonction de faciliter le financement des programmes d'infrastructures dans les régions limitrophes de la Méditerranée en accordant la priorité à la construction d'écoles, de routes et d'infrastructures sanitaires.

Environnement et migration
L'enjeu migratoire repose principalement sur un meilleur contrôle des flux humains en provenance du sud, et particulièrement ceux liés à l'immigration illégale, qui cause de 1600 à 2000 décès par année selon l'observatoire Fortress Europe.
L'harmonisation des politiques de sécurité entre les deux rives de la Méditerranée se bute toutefois à l'ampleur de la tâche à accomplir sur des thèmes aussi divers que la chasse aux passeurs et aux trafiquants, la surveillance conjointe des côtes africaines et l'endiguement à la source des flux d'immigrants clandestins.
L'enjeu environnemental est aussi à l'ordre du jour de l'Union méditerranéenne. Les acteurs régionaux doivent d'abord concerter leurs efforts de manière à dépolluer le bassin versant méditerranéen.
Pour ce faire, l'UM prévoit la mise en place d'une agence devant localiser, gérer, puis dépolluer les cours d'eau se déversant dans la mer.
C'est ensuite la problématique liée au déficit hydrique de régions limitrophes de la Méditerranée qu'entend traiter l'UM. Le contrôle de l'eau représente donc un enjeu stratégique majeur pour les pays riverains que ne saurait négliger l'Union méditerranéenne.
La diversification des sources d'énergie de l'Union européenne est devenue un enjeu stratégique vital pour l'Europe, et spécialement depuis l'interruption des livraisons en hydrocarbures russes à l'Ukraine pendant les hivers 2007 et 2008. La sécurité énergétique européenne passe d'abord par une coopération accrue avec les États producteurs de pétrole et de gaz.
C'est d'ailleurs sur ce thème précis que les avancées ont été le plus importantes, avec l'annonce le 13 juillet 2009 de l'ouverture du chantier titanesque du gazoduc Nabuko, devant relier le Caucase à l'Europe centrale.

L'heure des bilans
En constatant que la plupart des initiatives nées du projet d'Union méditerranéenne ont été laissées en suspens ou sont simplement restées lettre morte, nous pouvons nous demander si le projet d'Union méditerranéenne n'était pas le dossier de la seule présidence française de l'Europe en 2008.
En effet, dans ce dossier où la France a assumé seule la direction, la présidence tchèque de l'UE n'a pas été en mesure de poursuivre le travail accompli. À partir de ce constat, quelle volonté politique aura la Commission européenne de mettre en place les différents chantiers de l'UM? Il y a encore trop d'interrogations pour prétendre à la réussite de ce projet, qui a à tout le moins le mérite d'avoir remis les projecteurs sur la Méditerranée.
Par Philippe C. Martine - Paru dans ledevoir.com - le 15 juillet 2009

Desertec: un coup de soleil pour une Europe verte

Le géant suisse ABB est l'un des 12 opérateurs industriels à la base de l'initiative industrielle Desertec. Devisé à 400 milliards d'euros, ce projet transcontinental d'énergie solaire renforcera les réseaux européens d'énergie renouvelable.
«En 6 heures, les déserts reçoivent plus d'énergie du soleil que celle consommée par l'humanité en une année.» Gerhard Knies, président de la fondation Desertec résume ainsi le potentiel de l'«Initiative industrielle Desertec». Et ce sur le site de cette fondation créée par la branche allemande du Club de Rome, un groupe de réflexion sur l'environnement qui réunit des scientifiques, des industriels et des fonctionnaires de 53 pays.
Touchant l'ensemble de l'espace euro-méditerranéen, ce projet d'infrastructure ambitionne, à l'horizon 2050, de fournir 15% des besoins en énergie de l'Europe. Les premières livraisons, elles, sont prévues dans 10 ans.
De solides opérateurs
Pour ce faire, douze entreprises, en majorité allemandes, ont signé lundi à Munich un protocole d'accord pour la création d'un bureau d'études. Un bureau doté d'un budget de 1,8 million d'euros qui sera constitué d'ici fin octobre pour élaborer des plans d'investissement réalisables au cours des trois prochaines années.
Le consortium fondé lundi est mené par le réassureur Munich Re et la fondation Desertec. Il rassemble les géants allemands de l'énergie E.ON et RWE, la Deutsche Bank, le conglomérat Siemens, des fabricants de solaire comme l'espagnol Abengoa Solar, le groupe agro alimentaire algérien Cevital, sans oublier le géant suisse ABB.
Le projet, devisé à 400 milliards d'euros ( environ 600 milliards de francs), doit permettre à l'Europe d'obtenir une importante source d'énergie non polluante et lui permettre donc de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.
L'expertise d'un géant suisse
«C'est le plus grand projet d'énergie solaire au monde. Il est basé sur des technologies déjà existantes», souligne Wolfram Eberhardt, porte-parole d'ABB.
«Ce consortium ne réunit pas seulement des entreprises technologiques, relève Wolfram Eberhardt. La finance est également présente, tout comme l'assurance. Ce sont précisément les ingrédients dont vous avez besoin pour transformer une vision en réalité à long terme.»
Et le porte-parole de préciser: «L'un des défis de ce projet est d'assurer un transport fiable de l'énergie. Un domaine dans lequel notre groupe a déjà une forte expérience.» ABB peut ainsi construire des lignes à haute tension n'entrainant que 10% de perte sur 2000 kilomètres.
Wolfram Eberhardt relève néanmoins un premier problème: le coût pharaonique du projet. «L'énergie solaire est aujourd'hui plus chère que celle fournie par des éoliennes», ajoute encore le porte-parole d'ABB.
La Suisse concernée
Une réalité qui n'a pas échappé à Aeneas Wanner, membre de la fondation Desertec, directeur d'Energie Zukunft Schweiz, une institution basée à Bâle développant des projets pour une production durable de l'énergie. Et ce avec des partenaires comme Aare Energie, IWB, GVM, EBL et AEK.
Comme il l'a annoncé au quotidien économique L'Agefi, Aeneas Wanner s'apprête à lancer un projet de centrale solaire en Espagne. Un projet pilote doté d'une technologie moins coûteuse que celle des centrales thermiques solaires prévues dans le projet Desertec.
«Même si elle a pris du retard dans le domaine de l'énergie solaire, la Suisse a d'excellents chercheurs dans les énergies renouvelables et les groupes énergétiques suisses ont des fonds à investir», déclare encore le patron d'Energie Zukunft Schweiz.

Une opportunité à saisir
De son coté, le président de Swisssolar, l'association suisse des professionnels de l'énergie solaire, ne cache pas son enthousiasme à la vue du projet Desertec. «On commence enfin à réaliser que le solaire est loin d'être marginal, relève Yves Christen. De plus, ce projet n'est pas que solaire, puisqu'il est complètement relié aux autres types d'énergie renouvelable, que ce soit les éoliennes, la biomasse ou l'hydraulique. Même le coût estimé n'a rien d'exorbitant vu les bénéfices en terme d'environnement.»
Et ce avant de relever le retard pris par la Suisse dans le solaire: «Ce pays avait de grands spécialistes de l'énergie solaire photovoltaïque. Mais il a trop tardé à promouvoir ce type d'énergie. Or le marché nourrit la recherche. Aujourd'hui, les pays qui nous entourent nous ont dépassé.»
L'Initiative industrielle Desertec peut tout de même stimuler la Suisse, selon Yves Christen: «Ce projet devrait l'inciter à continuer dans le solaire photovoltaïque, une technologie aujourd'hui maitrisée.»
«On pourrait aussi s'inspirer du réseau Desertec en développant des réseaux permettant l'injection des énergies renouvelables produites par les particuliers, ajoute Yves Christen. Une production décentralisée qui s'intègre parfaitement dans les infrastructures prévues par Desertec.»

De nombreux points d'interrogations
Reste que ce projet porteur d'avenir pose encore de nombreuses questions, comme les lieux d'implantation de ces installations, le coût du courant produit, le bénéfice qu'en tireront les pays africains et arabes, le manque de stabilité politique dans certaines régions productrices et, même, le financement de ce projet.
Reste aussi à connaître l'implication des Etats et ce même si la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont chaudement salué l'initiative. Car Angela Merkel a aussi exprimé ses doutes quant à la participation d'autres pays européens que l'Allemagne.
Une remarque étonnante si l'on songe à l'Union pour la Méditerranée créée l'année dernière à l'initiative du président français Nicolas Sarkozy.
Frédéric Burnand et Mohamed Cherif, Swissinfo.ch - le 15 juillet 2009
Pour info :

L'UPM célèbre sa première année d'existence

Lancé le 13 juillet 2008, l'Union pour la Méditerranée (UPM) veut profiter de son premier anniversaire pour relancer ses projets mis entre parenthèses depuis l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza en décembre et janvier dernier.
À l’heure où l'Union pour la Méditerranée (UPM) souffle sa première bougie, nombre d’experts dressent un bilan mitigé de l’organisation. Portée sur les fonts baptismaux le 13 juillet 2008 dans le but de convertir l'espace méditerranéen en zone de paix via des projets énergétiques et environnementaux, l’UPM a connu lors de sa première année d’existence de nombreux blocages dus, notamment, à l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza à la fin de l’année 2008.
"Le vrai bilan, ce sera l'UPM deux ans après", fait valoir Gilles Mentré, conseiller des questions économiques et financières auprès de la présidence française, pour qui le sommet de juillet 2010 constituera un véritable test. "C’est là qu'il faudra rendre des comptes", a-t-il ajouté.
Il y a un an pourtant, la création de l’UPM suscitait bien des espoirs. D’aucuns se félicitaient de voir, pour la première fois depuis l’irruption, il y a 60 ans, du conflit proche-oriental, des chefs d’Etat et de gouvernement de pays arabes et d’Israël s’asseoir autour d’une même table.
Seulement voilà, le 27 décembre 2008, Tsahal menait ses premiers raids contre la bande de Gaza, mettant ainsi entre parenthèses plusieurs initiatives lancées par l’Union. Sans toutefois compromettre définitivement les objectifs de l’UPM. De fait, une logique d'"union de projets" et de solidarités concrètes semble s'être substituée à l'espoir d'avancées rapides du processus de paix israélo-palestinien. "Une union de projets concrets" a été mise sur pied pour aboutir "à un projet d'union à plus long terme", résume Dominique Baudis, président de l'Institut du monde arabe (IMA).
Faire progresser la cause de la paix "On ne va pas régler le problème israélo-palestinien, celui de Chypre ou du Sahara occidental uniquement en parlant de la dépollution de la Méditerranée. Mais ça peut contribuer à faire progresser la cause de la paix et du développement", estime de son côté Henri Guaino, conseiller spécial de l'Elysée. Outre les premiers projets environnementaux (solaire, eau, urbanisme durable, etc.) qui ont vu le jour durant l’année écoulée, un plan solaire prévoyant la création sur le pourtour méditerranéen de 130 centrales à l'horizon 2020 a été lancé.
Preuve de la relance progressive de l’organisation, une réunion ministérielle euro-méditerranéenne sur le développement durable a été organisée fin juin à Paris. Et le 7 juillet, les ministres des Finances de l'UPM se sont réunis à Bruxelles. Un conclave à l’issue duquel la ministre française des Finances, Christine Lagarde, a pu constater que “le développement des uns ne peut se faire sans le développement les autres".Six réunions ministérielles, dont une des ministres des Affaires étrangères, devraient encore se tenir d'ici la fin d’année. Si rien ne vient de nouveau perturber le retour de la coopération.
Source France 24 - le 13 juillet 2008
* Les pays membres de l'UPM: L'Albanie, l'Algérie, l'Autorité palestinienne, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Monaco, le Monténégro, la Syrie, la Tunisie, la Turquie et les 27 pays de l'Union européenne.